Créer un jeu en confinement: le cas de Just Dance 2021

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2020 restera sans doute gravée dans tous les esprits comme une année particulière. Pourtant, la crise sanitaire nous a aussi poussés à nous réinventer et à continuer de vivre malgré toutes les contraintes. Ici, au studio, il a fallu se creuser les méninges pour continuer de développer les jeux à distance et surtout, les sortir en temps et en heure. Aujourd’hui, nous vous proposons d’en apprendre plus sur l’histoire de Just dance 2021, un jeu développé en plein confinement.

Pour suivre cette épopée numérique, nous partons à la rencontre de Neil, Junior Producer  de Michael, Lead Gameplay Programmer, et de Sophie, Shooting Studio Manager.

En quoi consiste ton travail sur le jeu en temps normal ?

Neil : Je suis Junior Producer sur Just Dance. Mon métier consiste à organiser et répartir le travail pour les équipes de production du jeu. Je priorise les tâches et je m’assure que la stratégie de marque est bien respectée.

Michael : Je suis Lead Gameplay Programmer sur Just Dance. Mon travail consiste à me synchroniser avec les autres leads pour définir les chantiers à développer. A partir de ça je planifie le travail de l’équipe Gameplay Programmer et essaie de fixer un cap long terme sur les objectifs à atteindre.

Sophie : Je suis Shooting Studio Manager à Ubisoft Paris, je me charge de la planification et du bon déroulement des tournages nécessaires à la création de nos jeux, notamment sur Just Dance. Mes missions sont très variées et vont de la planification de la production, des castings de nos artistes et techniciens, en passant par la budgétisation et l’organisation des journées de shooting jusqu’à la remise des rushs à la post-production. Avec mon équipe, notre objectif est de donner tous les moyens humains et matériels aux projets.

 

En quoi la crise a-t-elle modifié ton métier ?

Neil : Cette crise a été synonyme de nouveaux types de problématiques à surmonter. Par exemple, il a fallu trouver une solution pour tous ceux qui ne pouvaient pas travailler à distance (les équipes liées aux tournages, au comptage des points ou aux costumes etc). Just Dance est un système bien rôdé puisqu’il sort un jeu par an. Cette fois, il a fallu revoir complètement tout ce qu’on faisait jusqu’ici.

Michael : Avec le télétravail, il est devenu plus difficile de percevoir l’état émotionnel des équipes. Je manage une équipe de 13 personnes en tout et j’ai dû apprendre à poser des questions plus frontales (demander explicitement aux collaborateurs comment ils se sentent par exemple), faire des points individuels plus souvent, …)

Tout a été faisable en télétravail car l’équipe se connaissait déjà. Cela aurait été plus difficile avec de nouveaux arrivants, car le processus d’intégration aurait été compliqué.

Neil : C’est vrai qu’il a fallu proposer plus de points de contact informels avec les équipes, faire des appels, s’assurer que tout le monde se sente à l’aise pour s’exprimer et conserver les good vibes inhérentes à la production de Just Dance. (Ne vous en faites pas, elles sont toujours bien présentes !)

Sophie : Côté tournage, il s’agit d’un milieu qui déroge au télétravail car on ne peut tourner nos jeux qu’en présentiel. Nous avons donc obtenu des dérogations. Néanmoins, il a fallu redéfinir de manière minimaliste nos plannings de production et passer à la loupe tous nos faits et gestes afin de s’assurer que nous respections bien les gestes barrières. Nous avons fait le même travail avec les équipes externes comme les danseurs, chorégraphes, maquilleurs, coiffeurs… Avec l’aide des Ressources Humaines, de mon manager, de la médecine du travail et des services généraux nous avons fait un gros travail de recherche pour connaître les mesures en vigueur et créer un protocole sur-mesure dédié à notre site de tournage. Toutes les répétitions de danse et les essayages costumes se sont faits sur place pour bénéficier de plus larges espaces et ainsi respecter les gestes barrières.

Le plus gros challenge auquel tu as fait face ?

Sophie : Le studio de tournage n’a pas pour vocation d’accueillir des équipes au quotidien. Il a donc fallu revoir toute la logistique pour offrir le même confort aux gens que s’ils étaient au bureau : faire venir des machines supplémentaires, assurer l’accueil, s’accorder avec les services de ménage …

De plus, deux personnes ont été cas contact de COVID-19 suite à l’une de leur mission en externe, et ce au moment de tourner une map avec de grosses ambitions créatives. Il a donc fallu rebondir très vite et trouver des artistes capables de prendre la relève rapidement.

Neil : Au studio on dit qu’il y a deux choses qui reviennent invariablement tous les ans : les impôts et la sortie d’un nouveau Just Dance ! Toute l’équipe avait la pression de sortir le jeu à temps sur les 6 plateformes (Switch, Stadia, Xbox One, PS4, Xbox Serie X et PS5) malgré la situation, en répondant aux attentes de la communauté de joueurs.  Il a donc fallu s’assurer que les équipes restent motivées tout au long du projet en revoyant parfois nos ambitions.

Michael : Très important aussi : permettre à chacun et chacune d’être autonome en définissant clairement les missions. Pour permettre cela, je suis un adepte du support visuel, surtout en télétravail où il faut vraiment que chacun se fasse la même idée précise du sujet sur lequel on travaille. Une équipe entière peut parler de la même chose mais chacun individuellement peut avoir une représentation différente de cette idée et ainsi partir dans des directions opposées. Voilà pourquoi il faut recentrer les idées avec un support visuel. J’ai donc fortement encouragé leur utilisation, encore plus que d’habitude.

Sophie : J’ai eu la chance de pouvoir compter sur une équipe en or car au premier déconfinement, les écoles étant toujours fermées, je ne pouvais pas me rendre au studio tous les jours pour garder mon fils. Je venais environs 3 jours par semaine et je gérais à distance le reste du temps. C’est donc Loïc, Shooting Production Coordinator, qui a gardé le fort et a fait un travail formidable en relevant tous les défis chaque jour. Il a su faire preuve d’énormément de rigueur, de flexibilité, d’ingéniosité et de présence quotidienne ! C’est notre « Passe-partout » du studio de shooting !

La leçon que tu retiens de cette aventure hors-norme ?

Neil : Je savais que l’équipe de Just Dance était créative, flexible et résiliente mais cette année, elle l’a été particulièrement. Il y a une véritable passion de l’équipe pour le jeu et une vraie volonté de faire quelque chose de bien !

Michael : Exactement, c’est cette capacité à s’adapter que je retiendrai moi aussi ! A titre plus personnel ça a également été une période instructive qui a montré qu’il était possible de faire du télétravail, ce qui permet un nouvel équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle que je trouve intéressant.

Sophie : Je ne m’attendais pas à en connaitre autant sur les mesures de la sécurité sociale par exemple. J’ai trouvé ma reconversion si besoin ! Plus sérieusement, notre capacité et notre agilité à s’adapter, en tant qu’équipe mais aussi qu’être humain. A mon sens, nous sommes très chanceux de pouvoir travailler, j’ai une grande pensée pour le monde du spectacle à l’arrêt. Malgré un contexte hors du commun, on est très heureux de pouvoir poursuivre nos activités pour continuer à offrir du divertissement à nos joueurs cette année, plus que jamais.

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